Peu de Morphos sont élevables en captivité, surtout hors de leur pays d'origine. En dehors du groupe Peleides, il ne faut pas trop compter réussir des élevages.
Tous les renseignements qui vont suivre concernent donc ce groupe ( M.peleides , M. achilles, M.helenor ( à ne pas confondre avec helena ! ).
1- Elevage des chenillePetit détail qui a son importance (non démontré), sachez que les chenilles de Morphos sont urticantes par leurs poils, les bras nus sont particulièrement exposés.
1-1 La nourritureC'est un
élevage facile car les chenilles sont très résistantes aux maladies ! Mais ce n'est pas une raison pour ne pas s'en occuper.
La principale difficulté est le choix de la nouriture. Les plantes nouricières naturelles sont des légumineuses au sens large ( Pterocarpus, Lonchocarpus, Machaerium, etc.).
En captivité, hors des pays d'origine il n'est pas possible d'avoir ces plantes en quantité suffisante pour envisager un
élevage dessus et en plus elles poussent mal).
Une seule est valable, c'est l'arachide; il est difficile de s'en passer, principalement au dernier stade.
En fait les chenilles sont très polyphages et acceptent un grand nombre de plantes appartenant à des familles très variées :
Fabacées ( trèfle, luzerne, soja, coronille), Caesalpiniacées ( Bauhinia, arbre de judée), Palmacées ( Chrysalidocarpus), Poacées (d'assez nombreuses graminées à grosses feuilles et même du maïs, du sorgho, du roseau et du bambou !), Marantacées diverses. La liste n'est pas exhaustive Elles grignotent un peu tout quitte à s'empoisonner comme avec les Cannas et les bananiers, plantes hôtes de leurs cousins les Caligos. Je les ai même vu en cas de disette manger le plastique polyéthylène des serres,et régulièrement les manchons en polyamide.
Mais cet appétit féroce n'aide pas l'éleveur, car aucune de ces plantes ne permet d'avoir un franc succès. Au plus, elles peuvent servir d'appoint lorsque les cacahuètes ne sont pas encore prêtes. Si l'on veut avoir de belles chrysalides il faut terminer sur l'arachide alors que les premiers stades peuvent se faire facilement sur le trèfle ou la luzerne.
1-2 les conditions d'élevageLes chenilles se nourissent la nuit et supportent des températures basses et même très basses pour des exotiques, passagèrement proches de 0°C ! Mais je ne recommande pas de les y laisser car elles ne bougent plus et sont incapables de se nourrir.
Des températures entre 15° et 25° la nuit conviennent parfaitement, et dans ce cas il s'écoule 2 à 3 mois de l’œuf à la chrysalide.
Elles n'aiment pas être dérangées et reviennent tous les jours, après leur repas, sur la nappe de soie qu'elles ont tissée sous les feuilles ou sur la tiges de la plante. Il est important de leur préserver autant que possible ce coussinet de soie si on fait un
élevage en boite sur des feuilles et des rameaux coupés. Il suffit de placer la nourriture fraîche à coté de l'ancienne et elles iront d’elles même dessus.
L'hygrométrie peut être "normale", c'est à dire celle qui règne dans un appartement (autour de 65%). En dessous de 50 en permanence, c'est pas bon pour elles ni pour vous!
Faut il le répéter? Ne les laissez pas dans leurs crottes et nettoyez les régulièrement.
2- La chrysalideLa chenille en fin de cinquième stade, de marron et beige qu'elle était, devient toute verte et se suspend sous une feuille ou un morceau de tige horizontal. Quelques jours plus tard la chrysalide est là, également verte, proportionnellement petite comparée au papillon qui va en sortir. Pas de soins spéciaux à donner ; il faudra attendre 2 ou 3 semaine avant que le papillon éclose. Prévoyez assez de place sous la chrysalide de façon que le papillon puisse déployer librement ses ailes.
3- Elevage du papillon3-1 La nourritureLa nourriture se compose de fruits pourrissants (pommes et bananes sont bien appréciés lorsqu'ils sont plus que mûrs), de divers liquides sucrés plus ou moins fermentés; Ils ne sont pas difficiles, mais il faudra peut être les poser sur la nourriture au début car ils risquent de ne pas la découvrir tout seul.
Ainsi soignés, ils vivent 2 ou 3 semaines.
3-2 l'accouplementLes problèmes vont commencer, surtout si l'on veut obtenir la reproduction.
Le papillon est grand et apprécie l'espace. Cependant on peux obtenir des accouplements spontanés dans une cage de 1 m3. Pour y parvenir il faut de la chaleur,( autour de 28°c), et une bonne humidité ambiante (voir la rubrique serres d'appartement pour plus de détails).
3-3 la pontePour ceux qui ont eu la chance d'avoir un accouplement, le problème continue; les femelles pondent bien, mais pas sur n'importe quoi. En l'absence de leur plante hôte naturelle elles ne pondent pas volontiers et c'est un peu un coup de chance. Certaines se décident à mettre leurs œufs sur les cacahuètes, d'autres non. La Coronille emerus, arbuste qu'on trouve dans les bois, les incite assez souvent à bien pondre, mais ça reste relativement aléatoire.
Les œufs, hémisphériques et gros ne doivent absolument pas être détachés de leur support car leur membrane inférieure est très fine et cassante. S'ils sont fécondés, ils s'ornent d'une petite couronne de points noirs du plus bel effet, et 15 jours plus tard, la grosse tête de la petite chenille est visible par transparence.
l'éclosion est alors imminente et le nouveau né dévore la coquille de l’œuf; c'est son premier repas.